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mardi 5 juin 2012

Pouvana’a O’opa

Modèle politique de Polynésie française ?

Profondément intègre, mu par des convictions inébranlables, Pouvana’a a O’opa est incontestablement le plus grand homme politique polynésien du XXe siècle.

À ce jour, Pouvana’a O’opa Tetuaapua est le seul homme politique polynésien contemporain à avoir été honoré par la population et, de son vivant, du titre de metua, le "père" (de la nation). Un titre que d’autres depuis ont vainement tenté de s’auto attribuer.

Pouvana'a O'opa, le Metua
Figure emblématique du mouvement anticolonialiste, il est aussi le premier des combattants antinucléaires de Polynésie française. Il est généralement considéré comme le père du nationalisme polynésien.

Pouvana’a O’opa, une vie hors du commun

Pouvana’a O’opa naît le 10 mai 1895 sur l’île de Huahine, dans l’archipel des Îles-Sous-le-Vent. Il décède à Papeete (Tahiti) le 10 janvier 1977, après avoir profondément marqué de son empreinte l’histoire de son pays.

Il quitte l’école avant même d’avoir dix ans pour apprendre, avec son père, le métier de charpentier.

Le jeune Pouvana'a avec ses parents
Issu d’une famille protestante où la lecture de la Bible et la fréquentation du temple sont fondamentales, il tire de cette éducation un talent d’orateur incomparable.

En janvier 1918, il s’engage comme volontaire (les indigènes ne sont pas soumis à l’obligation du service national) dans le bataillon mixte du Pacifique au sein duquel il participe à la seconde guerre mondiale sur le front de Champagne.

À son retour en 1919, il reprend son métier de charpentier, mais à Tahiti cette fois.

Le livre de Bruno Saura sur les années de guerre
C’est en 1940 qu’il commence à faire parler de lui. Il joue à cette époque un rôle majeur dans le ralliement des Établissements Français de l’Océanie (EFO) à la France libre. Mais, en s’opposant à l’administration qu’il accuse de ne pas respecter les droits des autochtones, il est condamné à la prison et à l’exil dans les îles les plus éloignées de Tahiti.

Pouvanaa a Oopa, l’engagement nationaliste

À son retour, dès 1945, il crée le Comité Pouvana’a qui réclame de profondes modifications des rapports entre la France et le territoire polynésien. Il est de nouveau arrêté et accusé, en 1947 dans le cadre de l’affaire dite "du Ville d’Amiens", de complot contre la sûreté de l'État et d'obstruction à la venue de fonctionnaires métropolitains. Cette fois, il est acquitté en novembre.

En août 1949, il est élu député et, dès le mois d’octobre, il crée le RDPT (Rassemblement Démocratique Des Populations Tahitiennes). Ce parti qui va dominer la politique locale jusqu’en 1958.

...et celui de Jean-Marc Regnault
Sans prôner ouvertement l’indépendance, les objectifs du RDPT sont clairs : il s’agit d’obtenir l’autonomie et de lutter contre les capitalistes. Dans ce combat, ses meilleurs soutiens sont les coopératives et les syndicats. La principale motivation de Pouvana’a O’opa repose sur la conviction, largement partagée (encore aujourd’hui) par une grande majorité de la population, que les Polynésiens ne sont pas maîtres chez eux.

Il est brillamment réélu en 1951 avec 72 % des voix, puis de nouveau en 1956 avec 58 % des voix.

En décembre 1957, grâce au nouveau statut découlant de la loi-cadre due à Gaston Deferre, il est élu vice-président du Conseil de Gouvernement. Dès lors, il devient réellement gênant pour le gouvernement français…

L’éviction de Pouvana’a O’opa par Paris

Pendant que Pouvana’a O’opa accédait à la vice-présidence du gouvernement de la colonie polynésienne, la France était confrontée à un choix compliqué qui lui était imposé par la situation en Algérie : où aller pour faire les essais du programme nucléaire ?

Pouvana'a, l'empêcheur de bomber en rond...
Dès 1957, la solution polynésienne est très sérieusement envisagée…

En 1958, Pouvanaa mène campagne pour le non au référendum portant sur la modification de la Constitution du 28 septembre 1958… et, le 11 octobre, il est arrêté avec plusieurs dirigeants du RDPT, sur ordre du gouverneur, au motif qu’il aurait, avec ses partisans, tenté d’incendier la ville de Papeete.

L'arrestation de Pouvana'a O'opa
Lors du procès, en octobre 1959, il est condamné à huit ans de réclusion criminelle et à quinze ans d’interdiction de séjour en Polynésie. Grâce à une remise de peine exigée et obtenue par le député Francis Sanford, Pouvana’a O’opa retrouve le sol tahitien le 30 novembre 1968.

Amnistié en 1971, il est élu sénateur le 26 septembre de la même année et le reste jusqu’à sa mort, le 10 janvier 1977, au cœur de la crise politique marquée par l'occupation des locaux de l'Assemblée territoriale, à laquelle il participe. Son dernier acte militant.

La réhabilitation du metua

Le jour même de son retour à Tahiti, Pouvana’a O’opa avait entamé les démarches en vue de sa réhabilitation, en vain.

Pouvana'a O'opa sénateur de la République
Le combat a été poursuivi par ses enfants, toujours sans résultat.

Ses descendants directs étant tous décédés, seul le ministère de la Justice français peut maintenant entamer cette procédure.

A Papeete, le buste du metua tourne le dos à l'Assemblée
Toutefois, le 7 juillet 2009, l’Assemblée territoriale de la Polynésie a voté à l’unanimité une motion en faveur de cette révision. Cette décision s’appuyant sur les travaux de l’historien Jean-Marc Régnault.

En guise de conclusion
            Je publie ces lignes entre les deux tours de l’élection législative de 2012, et les résultats du premier montre que, dans la prochaine Assemblée, la Polynésie française sera représentée par trois hommes qui, au-delà de leur incompétence avérée par l’expérience et leur corruption établie par la justice de la République, ont surtout fait la preuve de leur absence totale de conviction politique et de leur incroyable capacité à renier leur parole et à retourner leur veste.

Le premier film consacré à Pouvana’a O’opa
            Nul doute que le metua, le vrai, Pouvana’a O’opa, doit s’en retourner dans sa tombe…

Un article de Julien Gué

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